Le changement est la seule constante dans la vie; et s’il y a un secteur où cette affirmation n’est plus à démontrer, c’est bien celui des technologies. Au cours des dernières années, nous avons assisté à une vague sans précédent de transformations qui remodèlent le marché de l’emploi du secteur des technologies, tel que nous le connaissons. Qu’il s’agisse de licenciements massifs ou de l’intégration généralisée de l’intelligence artificielle, ces changements auront un profond effet sur l’avenir des talents technologiques. Découvrons ensemble quelles sont les forces qui façonnent le marché de l’emploi du secteur des technologies et quelles occasions intéressantes émergeront ou encore quels défis il faudra relever.

Depuis trois trimestres, les grands marchés d’Amérique du Nord et d’Europe se préparent à l’arrivée d’une récession. Par contre, l’économie canadienne continue de faire preuve de résilience. Elle a progressé au cours du premier trimestre avec des chiffres concernant l’emploi dépassant régulièrement les attentes, ce qui laisse à penser que le marché du travail reste vigoureux. Au cours des douze derniers mois, nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt les embauches et les licenciements survenus dans le secteur des technologies, et nous avons constaté un certain nombre de changements qui, selon nous, auront une influence sur l’emploi dans le domaine des technologies, et ce, pour les années à venir.

1) L’effet des licenciements massifs dans le secteur des technologies

Bien que nous sachions que dernière chaque employé(e) licencié(e) se cache une vraie personne, force est de constater que les licenciements massifs chez « X » (anciennement Twitter) annoncés par Elon Musk ont envoyé une onde de choc à toutes les entreprises du domaine des technologies. Lorsqu’Elon Musk a pris les rênes de Twitter, la société comptait 7 500 employé(e)s. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 1 300, dont seulement 550 ingénieurs. C’étaient non seulement les premiers d’une série de licenciements massifs au sein d’une importante entreprise du secteur des technologies, mais aussi la preuve que les entreprises du domaine des technologies avaient trop embauché. Cette tendance à trop embaucher a été observée tout au long de la pandémie et fin 2022. Bien des entrepreneurs et des chefs de direction ont admis ouvertement avoir trop embauché et avoir été trop optimistes. À la suite de l’annonce très médiatisée d’Elon Musk à propos de Twitter, bon nombre d’entreprises du secteur des technologies lui ont emboîté le pas, et cette vague de licenciements n’a pas épargné les entreprises canadiennes.

2) L’accaparement des talents et son double effet sur le marché de l’emploi

Il est sûr qu’après avoir bien réfléchi à la question, il semblerait logique de dire que ces coupures étaient nécessaires. La Silicon Valley et les entreprises technologiques en général ont la réputation de trop embaucher pour gagner la course aux talents. De façon générale, les entrepreneurs canadiens sont plus conservateurs et moins disposés à prendre des risques, et sont donc moins enclins à utiliser ce genre de stratagème. Par contre nos homologues américains ont dépensé sans compter dans les talents tout au long de la pandémie. Ils ont embauché massivement et ont offert de généreux incitatifs qui avaient le double avantage d’attirer les talents et de les « accaparer », en les dissuadant de quitter l’entreprise qui les avait embaucher pour aller chez un concurrent. À présent, comme l’offre de talents technologiques est plus vaste, il semble que les employeurs aient à nouveau quelques atouts dans leur jeu.

3) L’IA au service de l’efficacité

Le troisième changement qui aura un effet sur le marché de l’emploi dans le secteur des technologies est l’intelligence artificielle (IA). Bien qu’on clame haut et fort que l’IA va remplacer tous les emplois, les données montrent que ce n’est pas tout à fait le cas; en réalité, les employé(e)s du secteur des technologies mettant à profit l’IA seront plus efficaces et augmenteront la valeur de leur travail aux yeux de leur entreprise. Par conséquent, on peut s’attendre à ce que les personnes qui n’utilisent pas l’IA soient progressivement remplacées par celles qui l’utilisent. Selon une étude de Stanford et du MIT, citant des agents de soutien technique utilisant l’IA, l’intelligence artificielle augmente la productivité des travailleurs de 14 %, et cette augmentation est nettement plus importante pour les « travailleurs novices et peu qualifiés », qui sont en mesure d’effectuer leur travail 35 % plus rapidement.

Au cours de la révolution industrielle, la mécanisation, la production de masse et l’automatisation ont entraîné des changements considérables dans les secteurs de la fabrication et du travail. De la même manière, l’arrivée de l’IA a entraîné un changement fondamental, en particulier dans les secteurs riches en informations. Compte tenu du taux d’adoption rapide, illustré par la rapidité d’adoption de ChatGPT (un million d’utilisateurs en cinq jours seulement), les tendances observées en matière de productivité dans l’étude de Stanford et du MIT indiquent que des changements dans les exigences d’embauche sont peut-être inévitables.

En tant que secteur émergent et en pleine croissance, l’IA est appelée à transformer le marché de l’emploi, ce qui forcera les organisations à s’adapter et à apprendre à s’y retrouver dans ces nouvelles tendances. Cela créera de nouvelles opportunités d’emploi. Les entreprises qui adoptent l’IA, utilisent son potentiel, et recrutent stratégiquement des talents pour répondre à ces besoins émergents, auront un avantage non négligeable. Les entreprises actuelles qui accueillent favorablement l’IA bénéficieront du même avantage que les agriculteurs qui ont devancé leurs concurrents en investissant dans des équipements de pointe et en embauchant des opérateurs qualifiés.

4) L’essor du recrutement fondé sur les compétences à l’ère de l’IA

Pour ce qui est de l’embauche, les utilisateurs précoces de l’IA sont confrontés à des défis uniques, car ils doivent trouver des candidat(e)s pour combler des postes jusqu’alors inexistants, comme celui d’ingénieur de requête, qui ne nécessite pas forcément un diplôme traditionnel obtenu après quatre années d’études postsecondaires. Pour remédier à cette situation, les entreprises ont de plus en plus recours au « recrutement fondé sur les compétences » et n’accordent plus autant d’importance aux diplômes officiels. C’est une tendance grandissante, comme en témoigne l’augmentation de 21 % des offres d’emploi sur LinkedIn qui mettent l’accent sur les compétences plutôt que sur les qualifications, avec des entreprises réputées telles que Google, IBM, Tesla, Okta et Airbnb ayant supprimé l’exigence d’un diplôme. Selon McKinsey, cette approche est cinq fois plus efficace pour prédire la performance et la réussite dans un emploi que le fait de se baser sur le niveau de scolarité.

5) La nouvelle stratégie du Canada en matière de talents technologiques

Le Canada redouble d’efforts pour rester dans la course aux talents. Pendant des décennies, nous sommes restés en retrait, alors que l’exode des cerveaux vers les États-Unis nous faisait perdre d’innombrables travailleurs. Aujourd’hui, nous avons décidé d’agir. En juin dernier, le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, a annoncé de nouvelles mesures visant à attirer au Canada des talents technologiques étrangers. Les résultats ont été sans précédent. Depuis le 16 juillet, le Canada délivre un permis de travail accéléré aux travailleurs non citoyens du secteur des technologies aux États-Unis pour qu’ils viennent s’installer au Canada. Les personnes qui répondent aux critères d’admissibilité se verront accorder le statut de résident permanent canadien sur une base accélérée, à savoir dans un délai de six mois. En 48 heures seulement, le Canada a recruté 10 000 travailleurs technologiques aux États-Unis.

Conclusion

Bien que le changement soit une constante dans la vie, il n’est jamais facile à gérer. Derrière chaque licenciement et chaque actualisation d’emploi, il y a une vraie personne. Cela dit, toute modification du marché de l’emploi amène également de formidables opportunités pour ces entreprises et les personnes qui sont prêtes à affronter l’inconnu tout en abordant l’avenir avec un optimisme prudent.

MT❯Ventures fournit l’expertise juridique et les conseils stratégiques nécessaires aux entreprises en démarrage pour leur permettre de progresser et de se concentrer sur leur vision. Si vous avez des questions sur l’IA et l’économie des talents technologiques, ainsi que l’incidence de ces dernières sur votre entreprise, veuillez communiquer avec Aliya Ramji, associée et cofondatrice de MT❯Ventures, ou Leah Brighton, conseillère en planification stratégique de MT❯Ventures.