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Éléments clés à retenir : points de vue du secteur public et du secteur privé à propos des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement

Les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement mondiale ont d’énormes répercussions sur les divers secteurs d’activité. Un engorgement généralisé s’est créé en raison des répercussions pratiques de la pandémie et de la réalité observée sur le terrain en lien avec la pression associée aux capacités de fabrication, la congestion des transports et les contraintes de main-d’œuvre. Alors que les gouvernements commencent à examiner les politiques publiques et les options réglementaires à divers niveaux, il est urgent que les entreprises s’interrogent sur les mesures à prendre pour endiguer le problème. Le 30 novembre 2021, McCarthy Tétrault a organisé l’événement virtuel intitulé Ruptures dans la chaîne : Symposium sur la perturbation de la chaîne d'approvisionnement, la réglementation et les perspectives d'avenir (en anglais seulement) afin de discuter des lois, des stratégies et des politiques qui influent sur la quête de réponses pragmatiques.

Awi Sinha, co-leader du Groupe du secteur public de McCarthy Tétrault, a animé l’événement. Les experts en la matière de McCarthy Tétrault, notamment Martha Harrison (Droit du commerce et de l’investissement international), David Blair (Droit des transports) et Kate McNeill-Keller (Droit du travail et Droit de l’emploi), ont passé en revue les structures juridiques pertinentes qui encadrent la chaîne d’approvisionnement au Canada et les faiblesses mises en évidence par la perturbation actuelle.

Gillian Kerr, co-leader du Groupe du secteur public, a discuté ouvertement avec Bill Driegert (chef des opérations et cofondateur, Uber Freight Global), Steven Radewych (vice-président principal, Chaîne d’approvisionnement, Spin Master) et Robin Silvester (président-directeur général, Port de Vancouver) de la façon de faire face aux problèmes actuels liés à la chaîne d’approvisionnement et de l’élaboration de stratégies à court terme dans le but de gérer la situation.

Puis, Awi a animé une discussion portant sur les répercussions économiques de la perturbation de la chaîne d’approvisionnement et de leur incidence sur la confiance des consommateurs, sur l’innovation et sur le contexte post-pandémique dans son ensemble; discussion à laquelle ont participé Simon Kennedy (sous-ministre, Innovation, Sciences et Développement économique Canada), Michelle Eaton (vice-présidente, Affaires publiques, Chambre de commerce de l’Ontario) et le Dr Mike P. Moffatt (directeur principal, Politique et innovation, Institut pour l'IntelliPospérité / Économie, Ivey School of Business). Le débat a permis d’en apprendre davantage sur les causes de la perturbation actuelle et a donné d’éventuelles solutions. Le présent article souligne les éléments clés à retenir de cette discussion.

La situation préexistante associée à la pandémie de COVID‑19 a créé une onde de tempête qui a aggravé la perturbation de la chaîne d’approvisionnement.

Les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement que nous observons aujourd’hui, sont le résultat de la conflagration mondiale due aux répercussions de la pandémie, des problèmes touchant les capacités de fabrication, de la congestion de la chaîne d’approvisionnement et des contraintes de main-d’œuvre. Le groupe a discuté des effets négatifs secondaires inattendus résultant de l’interruption momentanée des activités d’un système mondial conçu dans un esprit d’hyperefficience.

Sur le plan réglementaire, Martha Harrison a expliqué que les nombreux retards et les dépenses importantes étaient dues au fait que les importateurs n’avaient eu d’autre choix que de changer leurs sources d’approvisionnement. Les opérations de contrôle diligent d’un nouveau fournisseur constituent un long processus, et l’approvisionnement auprès d’un pays d’origine différent peut engendrer une hausse des coûts de transport et des droits de douane. Au tout début de la pandémie, le Canada a assoupli de nombreuses règles encadrant l’importation des équipements de protection individuelle, comme celles qui concernaient l’emballage et l’étiquetage, pour être en mesure de répondre à l’augmentation de la demande et de lutter efficacement contre la pandémie de COVID‑19. Aujourd’hui, nous observons des difficultés dans d’autres secteurs du marché.

Si la fabrication et l’expédition de marchandises complexes ont été interrompues pendant un certain temps, la demande en matière de produits de consommation a explosé du côté des consommateurs durant la pandémie. Robin Silvester considère qu’il y a eu une modification des habitudes de dépense, les sommes consacrées aux déplacements servant à l’achat de produits de consommation. Il a souligné que le port de Vancouver, le plus important port du Canada et une artère commerciale majeure pour l’ensemble du pays, avait réalisé d’importants investissements en vue de faciliter la circulation des marchandises. Il y a malgré tout des problèmes persistants, comme une pénurie mondiale de conteneurs d’expédition et à Vancouver, un manque de terrains industriels, et cela ne fait qu’exacerber la situation.

Le problème lié à la chaîne d’approvisionnement comporte aussi un volet lié à la main-d’œuvre. Selon Kate McNeill-Keller, le nombre insuffisant de travailleurs au niveau de la chaîne d’approvisionnement, ainsi que les retards visant les processus d’immigration de la main-d’œuvre ont fait en sorte qu’il s’est avéré difficile de répondre rapidement à une hausse de la demande. Au cours de la pandémie, on a également observé de nombreux départ au sein de la main-d’œuvre d’une part en raison des conditions de travail, et d’autre part en raison de meilleures opportunités d’emploi. Bill Driegert a donné en exemple les conditions préexistantes qui touchaient l’industrie du transport de marchandises. Le secteur est confronté au vieillissement des chauffeurs et à la pénurie de main-d’œuvre dans le domaine; une situation en partie causée par le fait que le camionnage ne constitue plus un emploi intéressant dans un marché du travail concurrentiel. Cette situation a participé à la perturbation de la chaîne d’approvisionnement et est venue s’ajouter aux contraintes supplémentaires entraînées par la pandémie.

Le fait de développer la résilience, la souplesse et la capacité nécessaires pour réagir rapidement constituera la clé pour assurer la stabilité future de la chaîne d’approvisionnement.

La perturbation actuelle de la chaîne d’approvisionnement est l’occasion rêvée pour les parties prenantes du secteur public et du secteur privé de réviser leur approche à l’égard d’une gestion efficace de la chaîne d’approvisionnement dans son ensemble. David Blair a souligné le rôle clé qu’assument les responsables de la réglementation vis-à-vis de ce processus dans la mesure où la réglementation doit pouvoir s’adapter rapidement en présence de situations d’urgence ou qui évoluent rapidement. Il a évoqué la réponse aux problèmes touchant le transport ferroviaire suite à l’incendie de Lytton à titre d’exemple de souplesse réglementaire. Martha Harrison et Kate McNeill-Keller ont mentionné d’autres domaines concernant le secteur public qui pourraient également faire l’objet de modifications. L’une des possibilités consisterait, pour le Canada, de tirer parti de ses relations commerciales et de regrouper l’Amérique du Nord à titre de région multilatérale pour les sources locales de chaîne d’approvisionnement. Pour ce qui est de la main-d’œuvre, les gouvernements devront trouver la meilleure façon d’attirer les travailleurs vers des emplois clés au sein de la chaîne d’approvisionnement, en ajustant éventuellement les restrictions quant aux heures de travail et à la rémunération ou en modifiant la législation en matière de normes du travail.

Steve Radewych a précisé que le secteur privé avait également été contraint de revoir ce que signifiait le fait d’être réactif, particulièrement dans le domaine de la fabrication. La chaîne d’approvisionnement de produits de consommation, tels que les jouets est complexe et le processus peut durer plus de deux ans; il est ensuite extrêmement difficile d’effectuer des ajustements une fois qu’il a été enclenché. Steve Radewych a également dit que, bien que le secteur, de manière générale, soit relativement efficace sur le plan de l’atténuation des risques, les 18 derniers mois avaient mis à l’épreuve la résilience au niveau de la fabrication. Mike Moffatt a fait remarquer qu’une partie du problème résidait dans l’importante préoccupation à l’égard d’une efficacité extrême caractérisant le secteur depuis des décennies. Selon lui, il existe un compromis entre l’efficacité économique et la résilience, et il a mentionné que le temps était peut-être venu de sacrifier dans une certaine mesure l’efficacité au profit de redondances qui rendraient le système plus résilient dans son ensemble.

Les leaders devront faire des choix, mais une approche globale demeure la solution la plus favorable.

Une multitude d’options s’offre aux leaders pour faire face à la perturbation actuelle et prévenir les problèmes futurs d’envergure similaire touchant la chaîne d’approvisionnement. Le Canada pourrait se diversifier, s’internationaliser ou décider de limiter la portée géographique de ses activités pour réduire d’éventuels problèmes à l’avenir. Quelle que soit la méthode choisie, il sera primordial que les décideurs comprennent bien le contexte général de la situation et adoptent une approche globale qui prévoit des investissements en infrastructure et l’adoption de mesures incitatives visant des emplois clés, tout en intervenant par ailleurs face à des enjeux nationaux de plus grande envergure, tels que la dette et le vieillissement de la population.

Certains de nos conférenciers ont proposé que le Canada mette l’accent sur sa capacité de fabriquer localement et au niveau régional; des décisions devront être prises pour ce qui est du bien-fondé d’instaurer des redondances au niveau national, voire de conserver au pays certaines fonctions clés, comme la production de vaccins et de produits thérapeutiques. Steve Radewych a également insisté sur la nécessité de conservation des talents dont il faut tenir compte, en soulignant le changement de paradigme à l’égard du télétravail qui a résulté de la pandémie. Les entreprises ne se livrent désormais plus concurrence sur un marché de talents local, et il se pourrait que des talents essentiels soient perdus au profit d’entreprises qui permettent à leurs employés de travailler à distance.

Il y a lieu d’espérer une amélioration de la situation de la chaîne d’approvisionnement et de l’économie dans son ensemble.

Malgré les difficultés causées par cette période difficile, la situation n’est pas complètement désespérée, et le groupe s’est montré optimiste à l’égard de l’avenir de l’économie et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Certains secteurs, comme ceux des jouets et du divertissement à domicile, ont fortement progressé durant la pandémie. Mike Moffatt a également souligné que, du point de vue du PIB, le Canada se trouvait bien mieux positionné que ce à quoi on s’attendait il y a neuf mois de cela. Robin Sylvester a mentionné le succès relatif qu’avait connu le port de Vancouver par rapport à ses pendants internationaux. Bill Driegert a souligné les avantages de la technologie et de la modernisation pour assurer le bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement.

Enfin, les conférenciers se sont entendus sur le fait que la situation actuelle ouvre la voie à la collaboration positive entre le secteur public et des affaires. Michelle Eaton a abordé la question de la pléthore d’enjeux connexes et souligné les multiples aspects sur lesquels les gouvernements et l’entreprise privée pourraient travailler de concert en vue de trouver une solution, comme dans le cas du transport, de l’immigration et de l’emploi. Simon Kennedy a également formulé un message d’espoir à l’égard de la coopération au niveau international, soulignant que, si le Canada n’est pas forcément en mesure de mettre fin aux comportements mercantiles dangereux, dans leur ensemble, il peut faire front commun avec les pays qui partagent ses intérêts et ses valeurs.

Comment nous pouvons vous aider

Notre équipe Chaîne d’approvisionnement intègre de manière transparente des conseils en matière de fiscalité, d’approvisionnement, de concurrence et de commerce sous une forme cohérente afin de soumettre aux clients des solutions, plutôt que des barrières. Nous combinons notre vaste gamme de domaines de spécialisation avec nos connaissances approfondies que nous offrons dans de nombreuses juridictions du Canada en vue de fournir une réponse rapide, complète et efficace. Pour obtenir plus d’informations sur les services que nous proposons, nous vous invitons à consulter nos Solutions de stabilisation de la chaîne d’approvisionnement et à communiquer avec votre personne-ressource, chez McCarthy Tétrault.

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