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Éléments clés à retenir de notre table ronde « Changement climatique et entreprises »

Le 9 février 2022, McCarthy Tétrault a tenu, dans le cadre de la série Relance des activités de MT, une table ronde intitulée Entreprises/Climat/Changement. Awi Sinha, associé et co-leader du groupe Secteur public du cabinet, a animé cet événement. Il était accompagné par un groupe de dirigeant(e)s engagé(e)s envers la neutralité carbone, la révolution de l’énergie verte et conscient(e)s des choix difficiles à venir :

  • Monica Gattinger, PhD, présidente, Énergie positive, Université d’Ottawa
  • Susannah Pierce, présidente pour le Canada et directrice générale pour Nouvelles énergies et Solutions Canada, Shell
  • Claire Seaborn, cheffe de cabinet du ministre des Ressources naturelles, Gouvernement du Canada

Les membres du groupe de dirigeant(e)s ont partagé leurs points de vue sur l’importance de la collaboration entre les entreprises, le gouvernement et la société pour assurer que la politique choisie optimise le potentiel économique, environnemental et social du Canada. Ils ont notamment discuté des mesures visant à mieux préparer les entreprises à la transition vers une économie à faible émission de carbone.

Ce billet de blogue résume certains des éléments clés à retenir.

Transformation des entreprises dans le contexte du changement climatique

  1. Comment s’opère la transformation de la culture d’entreprise dans le secteur de l’énergie?

Une des personnes invitées a reconnu la nécessité de prendre des engagements en vertu de l’Accord de Paris dans le but de restreindre le réchauffement climatique en limitant l’augmentation de la température planétaire à 1,5 degré Celsius. En tenant compte du fait que les entreprises doivent produire une énergie à faible émission de carbone tout en respectant la diversité, l’inclusion et la nature, Shell plc. (« Shell ») a lancé sa stratégie Susciter le progrès, qui comporte principalement quatre objectifs : (1) générer des rendements attrayants pour les actionnaires, (2) atteindre la carboneutralité d’ici 2050, (3) alimenter les populations en énergie et en moyens de subsistance tout en soutenant la promotion d’une société inclusive, et (4) respecter la nature. Les objectifs de carboneutralité de Shell reposent sur trois champs d’application : les champs 1 et 2 sont basés sur les émissions issues des activités de l’entreprise lors de l’approvisionnement en énergie, et le champ 3 se concentre sur la collaboration avec les clients afin de réduire leurs émissions. Ensemble, les objectifs du programme Susciter le progrès guident les décisions d’investissement de Shell dans le cadre de ses relations avec les intervenants et l’environnement.

Cette même personne a également souligné la nécessité d’évoluer en parallèle avec ses clients en optimisant les réglementations gouvernementales et en assurant une transition à un rythme approprié. Si l’entreprise avance trop lentement, elle risque en effet de ne pas atteindre ses objectifs climatiques et de manquer des occasions d’accroître ses parts de marché ou d’investir dans de nouvelles technologies, élément essentiel pour faciliter les changements nécessaires.

  1. Les entreprises veulent réorienter leurs valeurs en matière de politique sociale. Comment certaines entreprises intègrent-elles les politiques évoquées ci-dessus dans le contexte du changement climatique?

Les membres du groupe de dirigeant(e)s ont souligné que la collaboration entre les entreprises, les gouvernements et la société était plus vitale que jamais. Le programme Énergie positive de l’Université d’Ottawa réunit des leaders du monde des affaires, du gouvernement et de la société pour discuter des questions visant l’énergie et le climat. Le positionnement lié aux besoins de réduction des émissions et de carboneutralité prend de plus en plus d’ampleur et le mouvement s’accélère pour réorienter la discussion à l’égard de la carboneutralité afin de passer de la définition de la carboneutralité à la façon de l’atteindre. Parfois les entreprises posent des questions sur la façon de procéder, et le public ou les décideurs politiques interprètent cela comme étant un signe de résistance au changement ou de manque d’engagement envers la réduction des émissions. Tous les membres du groupe ont convenu que cette situation était problématique. Étant donné que cette transition est sans précédent, il nous incombe de modifier notre façon de penser. La transformation des entreprises vise à réduire les émissions, mais cela comprend également intrinsèquement la culture et la stratégie d’entreprise. Pour garantir la transition vers une économie à faible émission de carbone, les entreprises doivent réévaluer l’offre de valeur de leur entreprise.

La politique gouvernementale dans le contexte du changement climatique

  1. Les lettres de mandat du plus récent cabinet fédéral ont souligné l’importance d’un plan d’action en matière de climat. Comment cela se traduit-il en termes d’application pratique non seulement pour ce qui est des réglementations gouvernementales, mais aussi pour ce qui est de la conduite du gouvernement?

Une des personnes invitées a reconnu que le changement climatique pouvait sembler complexe alors qu’il était très simple. Il y a deux composantes : la réduction des émissions et l’adaptation aux répercussions du changement climatique. Plutôt que de mener des conversations distinctes sur ces deux sujets, nous devons les aborder ensemble, comme les deux faces d’une même pièce. En 2021, le Premier ministre Trudeau a adressé à son cabinet des lettres de mandat claires exhortant ses ministres à réfléchir à la fois à la réduction des émissions et à la façon d’être plus résilient face aux répercussions liées au changement climatique.

  1. Quel équilibre de collaboration devons-nous viser pour parvenir à une économie durable sans travailler à des fins différentes? Quelle formule utiliser pour établir cette collaboration?

Une des personnes invitées a expliqué qu’il y avait trois éléments pour établir cette collaboration. Tout d’abord, certaines réglementations gouvernementales incitent à l’action climatique. Par exemple, la Loi canadienne sur la protection de l’environnement vise à protéger l’environnement par le biais de l’adoption de véhicules zéro émission. On peut également souligner la victoire du gouvernement fédéral devant la Cour suprême du Canada concernant son système national de tarification du carbone. Toutes les réglementations de ce type peuvent stimuler l’innovation et créer des emplois et des opportunités.

Deuxièmement, les fonds publics et autres mesures incitatives peuvent renforcer les efforts réglementaires. Ainsi, les incitatifs fiscaux liés au captage du carbone, l’initiative Accélérateur net zéro et le Fonds pour le transport en commun à zéro émission, pour ne citer que quelques mesures, totalisent environ 100 milliards de dollars en incitations fédérales pour le secteur privé.

Enfin, le secteur privé constitue l’élément moteur du marché en dehors des programmes du gouvernement fédéral. Pour atteindre l’objectif global de réduction des émissions du Canada, il est important de trouver un juste équilibre entre ces trois éléments afin de créer un environnement de collaboration optimal.

  1. Les initiatives du secteur privé ne dépendent-elles pas de la politique gouvernementale?

Les membres du groupe de dirigeant(e)s ont souligné que le gouvernement jouait un rôle important dans les décisions d’investissement du secteur privé. Les politiques gouvernementales relatives à la taxe carbone ou à la norme sur les carburants propres aident les entreprises du secteur privé à envisager de faire des investissements dans des carburants à faible teneur en carbone et dans la capture des émissions. Bien que le secteur privé ait pris des engagements indépendants envers la carboneutralité, les politiques gouvernementales influent toujours sur les décisions commerciales dans ce domaine puisqu’elles peuvent contribuer à accélérer le changement et les investissements dans des technologies ou des projets qui, autrement, ne répondraient pas aux critères d’investissement.

Les rapports gouvernementaux sont également essentiels pour comprendre l’empreinte carbone globale du Canada. Les défis auxquels le gouvernement fédéral est confronté alors que le Canada progresse vers un engagement de carboneutralité sont similaires aux défis auxquels font face les entreprises du secteur privé canadien. Il est important de bien comprendre ces défis afin, notamment, de continuer d’investir dans les carburants propres.

Les membres du groupe de dirigeant(e)s ont insisté sur la nécessité de prendre des mesures sans précédent. Cette nécessité a entraîné des partenariats uniques, jamais vus auparavant, entre diverses entreprises, des institutions universitaires et le gouvernement.

La norme mondiale dans le contexte du changement climatique

  1. Quelles seront les conséquences si d’autres pays n’appliquent pas leurs politiques de changement climatique dans la même mesure que le Canada?

Les membres du groupe de dirigeant(e)s ont mentionné qu’il était important de tenir compte de l’incidence de la politique nationale sur la concurrence mondiale. Compte tenu de la relation étroite entre l’économie du Canada et le commerce, il est impératif que les politiques et les investissements nationaux réduisent les émissions par rapport aux autres pays. Le Canada doit réaliser des rendements concurrentiels sur ses investissements dans le cadre de son processus de décarbonisation.

Les technologies les plus récentes dans le domaine des technologies propres et des technologies vertes permettent une transparence accrue avec les clients. À titre d’exemple, comme les consommateurs exigeront davantage de primes vertes à l’avenir, il est essentiel que les entreprises individuelles tiennent compte du potentiel de ces primes pour répondre à cette demande.

  1. Comment percevez-vous la réorientation de l’économie linéaire du Canada vers une économie circulaire, particulièrement avec la structure actuelle de notre système énergétique?

Les membres du groupe de dirigeant(e)s ont remarqué que cette transformation commerciale constituerait un changement monumental en peu de temps. Il s’agit d’un processus à la fois simple mais complexe qui comprend plusieurs éléments à prendre en considération. L’une des personnes invitées a reconnu que les efforts du Canada visant l’instauration d’une taxe carbone dans l’ensemble du pays constituaient une réalisation importante, mais qu’il aura fallu plus de 15 ans pour y arriver. Cet exemple prouve que bien que les progrès soient possibles, ils ne surviendront pas du jour au lendemain.

Les personnes invitées ont également indiqué que l’économie du Canada étant ouverte et tributaire du commerce, cela créait une occasion unique pour le pays de devenir un leader mondial en matière de protection du climat. Toutefois, pour atteindre ce résultat ambitieux, nous aurons besoin d’un fort désir de la part du public à agir et de sa pleine participation.

La licence sociale

  1. Les tables rondes comme celle-ci seront-elles bientôt désuètes? La responsabilité climatique deviendra-t-elle un principe organisationnel organique et ancré dans la culture des entreprises? À quel moment la culture d’entreprise change-t-elle vraiment à cet égard?

Les personnes invitées ont souligné que le Canada était l’un des plus grands émetteurs par habitant au monde. En raison des processus réglementaires rigoureux du Canada qui nécessitent de longs délais et des exigences de consultation, il peut être difficile d’expliquer la réduction des émissions aux Canadiens et aux entreprises. L’une des personnes invitées a cité en exemple l’important temps de latence dans les rapports. En effet, le plus récent rapport du Canada sur les émissions de gaz à effet de serre est basé sur les résultats des émissions de 2019, soit un retard de deux ans. Étant donné que la tarification du carbone n’a été appliquée qu’en 2019, le public ne verra pas les réductions d’émissions avant les prochains rapports. Toutefois, nous assistons actuellement à une nette réduction des émissions, qui sera manifeste dans les données compilées entre maintenant et 2030. Les personnes invitées ont insisté sur l’importance de continuer d’agir maintenant pour obtenir des résultats positifs dans le futur.

  1. Quel sera le rôle joué par les marchés des capitaux et les investisseurs pour ce qui est de l’avancement de la politique climatique au cours des prochaines années?

Les personnes invitées ont convenu qu’il était indispensable d’obtenir du financement pour les divers projets futurs. Les marchés des capitaux et les investisseurs jouent un rôle important dans la création d’une dynamique de réduction des émissions.

Une des personnes invitées a également relevé l’importance de l’accessibilité et de l’équité en matière d’énergie pour que le public continue de soutenir la politique climatique. Les personnes invitées ont par la suite souligné l’importance de l’adaptation pour générer une énergie fiable à un prix abordable. Chaque jour, la population canadienne est confrontée aux répercussions liées au changement climatique, comme en témoignent les inondations et les feux de forêt récemment survenus en Colombie-Britannique. Il est donc essentiel de tenir compte de l’équité et de l’accessibilité lors de l’élaboration des politiques.

Les prochaines étapes

  1. Devrions-nous privilégier un aspect plutôt qu’un autre pour ce qui est de l’équilibre entre la compensation et la réduction du carbone?

Les personnes invitées ont convenu qu’il existait de nombreuses voies pour atteindre la carboneutralité et qu’il nous incombait d’utiliser tous les outils à notre disposition. Nous avons également besoin de gagner la confiance du public et des investisseurs. Cependant, les Canadiens n’accordent pas une grande confiance à leur gouvernement ou aux industries pour ce qui est de leur engagement réel envers l’action climatique. Par conséquent, de nombreuses personnes se demandent pourquoi elles devraient s’attendre maintenant à ce que les dirigeants respectent leurs engagements actuels vis-à-vis du climat. Ce questionnement constitue une bonne occasion pour les entreprises et les gouvernements de s’unir dans le but de rassurer le public.

Une des personnes invitées a fait remarquer que le gouvernement fédéral avait adopté l’an dernier la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, qui définit pour la première fois le concept de carboneutralité dans une loi fédérale. En fin de compte, le débat entre la compensation carbone et la réduction des émissions importe peu, pourvu que nous atteignions la carboneutralité. En vertu de cette loi, le gouvernement fédéral est tenu de créer un plan de réduction des émissions, qui devrait générer à la fois de la certitude et de l’optimisme.

Une autre des personnes invitées a indiqué qu’un nombre croissant d’intervenants du secteur privé, notamment Shell, avaient pris des engagements de carboneutralité dans leurs rapports aux actionnaires afin d’améliorer la transparence. Les personnes invitées ont en outre noté que le risque climatique constituait aussi un risque en matière d’investissement qui variait selon les secteurs. Ce constat a été une incitation à agir, tant en termes de réduction que de compensation dans le secteur privé.

  1. Quelle action en particulier les entreprises considérant le changement climatique comme un élément important de leur culture interne peuvent-elles prendre pour s’intégrer dans cette dynamique?

Une des personnes invitées a indiqué que le point de départ des efforts d’une entreprise consistait à identifier les principaux éléments responsables des émissions, ainsi que les causes de ces émissions; la compréhension de l’ensemble de ces facteurs permettant ensuite à l’entreprise de commencer à modifier ses systèmes et ses comportements pour réduire ces émissions.

Les personnes invitées ont convenu que nous pouvions tous réfléchir à notre empreinte individuelle et à la façon de modifier certaines de nos habitudes de vie pour réduire les émissions. Les personnes invitées ont noté que les générations plus jeunes proposaient des idées novatrices et qu’il importait de compter sur les actions communautaires au sein de la collectivité et des organisations pour trouver de nouvelles approches visant l’action climatique.

L’une des personnes invitées a fait référence au récent article d’un journal national qui portait sur la manière dont les chefs d’entreprise exerçaient leurs activités en plaçant le climat au centre de la politique gouvernementale et de la stratégie d’entreprise. L’article soulignait notamment le besoin d’intensifier l’utilisation des technologies propres afin de réduire les émissions. Aujourd’hui, les entreprise ont de nombreuses possibilités pour commencer à intégrer les technologies propres dans leurs processus afin de réduire leurs émissions.

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